mardi 5 janvier 2016

Lou journalet dóu Pont de Garanço N°47 : Lou mes dis oulivado Nouvèmbre 2015

   

Là haut sur la colline

On y a tous joué, là haut. Toi aussi tu y as joué

Rappelles toi, c’était la sortie annuelle des écoles primaires, du temps où culottes et jupes courtes prenaient chacune un escalier au dessous de la sévère cloche ordonnant de s’aligner par deux.

En silence, s’il vous plait !

Le porche de la cour ouvre sur la rue, salue le départ de la balade

Paulinette ne ferme pas l’épicerie, même le dimanche. Elle y vit dedans avec sa belle mère et son chignon blanc.

La vieille dame digne avait fait son choix à l’heure où son fils avait abandonné sa bru… Depuis ce couple de femmes tenait bon. Celui là au moins !…

Les mains séchées dans le tablier, Paulinette sourire presque coquin, apostrophe les pichots bardés de leur gourde plastique blanc, qui tiedira l’eau à la menthe

Raide la montée de l’église, moins que la rue Rompe qieu !

Le jeudi, les grands déboulent sur leurs chariots à roulement à bille. Et leurs cris klaxonnent

Dans la rigole de droite la mère Arnaud a vidé son seau en zinc, une mousse grise surfe sur la pente avant de s’engouffrer dans l’écoulement .Son mari, c’était le charbonnier

Oh, ce n’est sûrement pas elle qui a pourri la planète !

Bien sûr, le petit Ganieri a mis le pied dans l’eau !… Toi aussi tu as noyé tes chaussures dans des flaques boueuses

Vers le fond du rang Remos amuse la galerie, il digère les dernieres fourmis qu’il a avalé dans la cour, après la cantine, devant des yeux ahuris et écoeurés …

Ils ont agrandi le cimetière. L’ombre des grands pins caresse toujours les morts une dernière fois…

Le long du mur, la colonne chuchote sur ordre. Quelques croix arrogantes dépassent, titillent la peur et le mystère dans un œil en coin qui n’ose les affronter

La mort reste tabou. Elle ne s’exprime que dans la couleur d’un vêtement qui en prend pour un an, au moins…

Les premiers amandiers… , des traîtres aux fruits amers . On reconnait les petits nouveaux , ils crachent une grimace au bout d’un index rigolard !

Plus loin , en contre bas du chemin, un petit « théatre de verdure ». Là, se produisaient pioche à la main, marcel de coton collé à la peau, les ouvriers de la petite carrière. De solides italiens qui n’avaient pas le choix. Scènes fracassantes d’un passé révolu

On ne s’approche pas ! Péricoloso sporgersi !!!

La menthe sauvage martyrisée par une trentaine de tortionnaires expire son parfum Celui du thym se rebiffe.

Même révolte sous ses pieds…C’est à ce moment précis, unique, qu’Elsa se sent dans la colline. Dedans…

Chaque fois, dans des ailleurs, cette odeur reconnue, la déposera là, dans son enfance … dans cet espace de jeux et d’insouciance.

Assise sur une tôle rouillée, lancée sur les aiguilles sèches entre des pins redoutables,. Agrippée à la paroi de la roche trouée, hissant un cul trop lourd,... cachée dans d’approximatives cabanes de bois mort . A la traîne des plus grands…, à cheval sur un jeu de piste

Longtemps ces souvenirs apaiseront de sournoises angoisses.

Jusqu’à ce jour du moins. Non, je crois que tu n’y étais pas… Pas cette fois

Les pieds moins dégourdis « s’embronchent » à la pierre blanc gris.

Encore une grimpette après les oliviers. Ils ont gelé en 56. De leurs socles épais et noirs entrés en résistance, plusieurs rameaux avaient tenté leur chance. Renaissance.

Depuis longtemps déjà Novembre était revenu secouer les petits fruits verts et… amers ! La curiosité nous l’avait enseigné !

Cà y est !. Ils vont pouvoir souffler. Gorgées à peine rafraîchissantes. Enfin s’éparpiller…, pas au delà du grand cercle de pierres, sinon…

Les moins intrépides, des filles bien sûr, assises en rond, font la cour à la maîtresse

Ils connaissent cette clairière, ils pique niquent tous les ans ou presque . Salade russe, escalopes panées ou poulet froid, chips…et surtout chocolat…Le chocolat de Pâques !

Le Lundi de Pâques ! L’autre fête du village !. Tout le monde grimpe, armé de paniers repas, à l’assaut des meilleures places

Mr Guérin, un des deux derniers bergers, prête sa colline depuis des lustres … Il prêtera aussi ses chèvres pour la course

Depuis le matin, l’estrade, montée par les gars de la mairie , s’accroche à la pente, les œufs de Pâques se planquent dans tous les coins jusqu’au coup de sifflet de l’adjoint.

L’après midi on danse. Comme on peut, mais on danse. Les ballerines neuves vont souffrir, peut être même y laisser leur peau…

A l’écart, complice, la colline s’encoquine. Sans mot les langues se délient, maladroites ou audacieuses…S’exercent les premieres amours 

La maîtresse claque le rassemblement…Déjà ?!!!I, 2, 3...

Retour de la colonne après un crochet par la petite chapelle. Face à la colline Piécaud , saignée par les motos, sur sa croix rouillée, il fixe à jamais les Alpilles.

Distrait parfois par des : « Dis bonjour au petit Jésus… »« Dis maman, il a pas froid tout nu ?… »

Pas plus que le pendu, découvert par Tramier et son chien-loup, juste après un Noël gris

Tout près du petit édifice, le dos de la colline est grêlé de trous fortifiés datant de la dernière guerre…

Vous avez joué les soldats et tourné en courant sur le ciment pentu, testant la force centrifuge. Tu te souviens de Pierre, le chef de troupe ? Le pied ouvert sur un tesson de bouteille fracassée au fond du trou

Il faut presser l’allure. D’ici, le cimetière :comme un petit village bien ordonné.

La descente encourage le pas…Le christ se retire dans l’ombre.

Un kilomètre à pied, çà…Ca suffit là bas! Remos et Ganieri le gilet en vrac agitent encore le rang.

Vers le Gard, la cheminée d’Aramon s’efface sous la gomme de la brume

Salle de classe, à nouveau . 2 minutes de silence, enfin !, bras croisés, doigt sur la bouche, avant un lâcher de piaillements, juste après la cloche….

Là haut sur la colline, fin de journée…, fin d’une histoire

Chantal

Peramount sus la coulino

I’avèn tóuti jouga, peramount. Tu tambèn, i’as jouga. Rapèlo-te, èro la sourtido annualo dis escolo primàri quouro braio e jupo courto prenien chascuno uno viseto dessouto la sevèro campano nous sounant de nous aligna pèr dous.

En silènci, se vous plais !

Lou porge de la court se duerb sus la carriero, saludo lou despart de l’escourregudo.

Paulineto tanco pas l’espiçarié meme lou dimenche. Ié viéu dedins amé sa bello-maire e soun tignoun blanc.

La vièio damo digno avié fa sa causido au moumen que soun fiéu avié lèissa sa noro…Dempièi, aquel couple de femo tenié bon. Aquéu d’eici au mens !..

Li man secado dins lou faudau, Paulineto dóu sourire couquin, arresouno li pichot barda de si coucourdo de plasti blanc, que tebesira l’aigo à la mento.

Rèdo la mountado de la glèiso, mèns que la carriero Roumpo-quiéu !

Lou dijòu, li grand desboulon sus si càrri amé si routacioun à biho. E si crid cournavon.

Dins la rigolo de la man drecho, la maire Arnaud a vueja soun ferrat de zing, uno mousso griso resquiho sus la pèndo avans de s’engoula dins l’escoulamen. Soun ome, èro lou carbounié.

Ho ! es seguramen pas elo que pourriguè la planeto ! De segur, lou drole Ganieri boutè lou pèd dins l’aigo !...Tu tambèn, as neteja ti caussaduro dins li garouioun.

Vers lou founs dóu rang, Remos amusavo la galarié, digeris li darriéri fourmigo qu’engouliguè dins la court, après la cantino, davans d’iue estabousi e maucoura…

An espàndi lou cementèri. L’oumbro di grand pin calinejo toujour li mort un darrié cop…

Tout-de-long de la muraio, la colo parlo à la chut-chut sus ordre.

Quàuqui crous arrouganto despasson, coutiguejon la pòu e lou mistèri dins un iue de cantoun qu’auso pas lis afrounta. La mort demoro tabou. S’espremis que dins la coulour d’un vèsti que n’en prèn pèr un an, au mèns…

Li proumiés amélié..De traite i fru amar. Se recounèis li nouvelet ; escupisson uno grimaço au bout d’un det galoi !

Mai liuen, en contro-bas dóu camin, un « pichot teatre de verduro ». Aqui travaiavon treco à la man, marcèu de cotoun coula à la pèu, lis oubrié de la pichoto carriero. De valents italian qu’avien pas la chausido. Scèno tarabastouso d’un tèms passa e bèn passa.

Nous sarran pas ! Pericoloso sporgersi !

La mento-fèro martirisa do pèr uno trenteno de tourturaire espiro son perfum. Lou de la ferigoulo reguignejo. Memo revóuto souto li pèd…

Es à n’aquel moumen precis, unique, qu’Elsa se sènt dins la coulino. Dedins…

A cade cop, dins d’autro-part, aquesto óudour recounèigudo, la despausara aqui, dins soun enfanço…dins aquest espàndi de jo e d’inchaiènço.

Assetado sus uno tolo rouvihado, mandado sus lis espigo seco entre de pin redoutable, arrapado à la paret de la « Roco traucado », aubourant un cuou trop lourd…escoundudo dins d’aprouchadisso cabano de bos mort. A la trigosso di mai grand..à chivau sus un jo de pisto.

Long-tèms, aquéli remèmbre apasimaran de sournarudo tressusour, dusqu’à n’aquel jour au mèns. Noun, crese que i’ères pas.. .Pas aqueste cop.

Li pèd mèns desgourdi « trabucavon » à la pèiro blanc gris.

Encaro uno escalado après lis oulivié. An jala en 1956. De si pege espès e nègre intra en resistènci, manti sagato avien tenta sa chabènço. Renèissènço.

Dempièi de tèms, déjà Nouvèmbre èro tourna boulega li pichot fru verd e…amar ! La curiouseta nous l’avié ensigna !

Aqui ié sian ! Van poudé boufa. Goulado à peno refrescanto. Enfin, s’escampiha…pas de dela dóu grand ciéucle de pèiro, si que noun…

Li mèns bravaire, de chato bèn-segur, assetado en round, lavagnon la mestresso.

Counèisson aquesto clariero, ié fan un rejauchoun tóuti lis an o quasimen. Ensalado russo, chouio panado o poulet fre, chips..e subretout choucoulat…lou choucoulat de Pasco !

Lou dilun de Pasco ! L’autro fèsto dóu vilage ! Tout lou mounde mounto, arma de sa biasso, à l’assalido di meiouri plaço. Moussu Guerin, un di darrié bergié, presto sa coulino dempèi uno bono vóuto…Prestara tambèn si cabro pèr la courso. Dempièi lou matin, l’estrado, aprestado pèr lis ome de la coumuno, s’acrouco au pendis, lis iòu de Pasco soun escoundu dins tóuti li cantoun esperant lou cop de sibla de l’ajoun.

Lou tantost, se danso : Coume se pòu , mai se danso. Li balarino novo van soufri, belèu meme ié lèissa si pèu.

A despart, coumplice, la coulino s’encouquino . Sènso mot, li lengo se desligon, sènso-biais vo asardouso..S’eiserçon li proumièris amour.

La mestresso fai peta l’acamp…Déjà ! 1,2,3…

Retour de la coulouno après un destour pèr la capeleto. Fàci à la coulino Piecaud, grafignado pèr li moto, sus sa crous rouvihado, fisso à jamai sa lucado sus lis Aupiho.

Desturba de fès pèr de «  Dis bon-jour au pichot Jèsu ».. « Dis, Maman, a pas fre tout nus ? »…

Pas mai que lou penja, descubert pèr Tramier e soun chin-loup, juste après un nouvé gris.

Tout proche dóu pichot edifice, l’esquino de la coulino es grela de trau fourtifica que daton de la darrièro guerro…

Avès jouga i soudard e vira en courrènt sus lou ciment pendoulous, prouvant la forço centrifujo. T’ensouvènes de Pèire, lou capoulié de la colo ? Lou pèd dubert pèr un tessoun de boutiho esclapa au founs dóu trau.

Fau abriva lou pas . D’aqui, lou cementèri sèmblo coume un pichot vilage bèn ourdouna.

La davalado douno de van..Lou Crist se retiro dins l’oumbro. Un kiloumètre à pèd, acò uso….Eilabas, n’i’a proun ! Remos e Gaieri lou gilet bourro-bourro desrègon encaro lou rang.

Devers lou Gard, la chaminèio d’Aramoun s’escafo souto la goumo de la brumo.

Salo de classo, tournamai. Dos minuto de silènci, enfin ! Bras crousa, det sus la bouco, avans un bandimen de cridarié, juste avans la campano…

Peramount sus la coulino, fin de journado….fin d’uno istòri.

Chantal

 

Jan-Enri Fabre : uno vido d'auvàri

Uno leituro de sa vido nous fai vèire que fuguè semenado d'auvàri de touto, e tambèn de dòu crudèu. E se pòu demanda coume a fa pèr toujour se poudé releva de tàli mau-parado, pèr persegui soun obro emé la meme coustànci, lou meme achinimen. Quet èro l'enavans que ié permetié d'acata soun pegin e de faire cala si lagremo, fin que de countunia d' óusserva sis esperiènci e de segui lou fiéu de sa pensado ? Sa primo enfanço avié coumença de l'aguerri ; proumié enfant d'un parèu

qu'avié proun peno pèr derraba sa vido, à la neissènço de soun fraire Frederi, fuguè manda encò de si grand devers maire, au Malaval, à quàuqui deseno de kiloumètre d'aqui, dins la rufo campagno de l'Aveiroun. Es en aquéu liò que coumenço de s'esviha à la naturo que lou pivelo.

Quouro agantè si sèt an, si gènt lou venon querre pèr ana à l'escolo. Mai, las d'aquelo vido de misèro, anaran s'establi un tèms à Roudés, pièi Toulouso e Mount-Pelié. Aqui, Jan-Enri se bouto à sounja is estudi de medecino, mai, de bado ! Si gènt podon pas paga. Dèu agué aperaqui quinge an e subre-viéu coume pòu, prepausant si service pèr travaia ounte que siègue. Es coume acò que se fai embaucha pèr la coustrucioun dóu camin de ferre Bèu-caire- Nime .

A dès-e-sèt an quouro, à l'asard , presènto lou councous di bourso pèr l'Escolo Nourmalo d'Istitutour d'Avignoun, e que derrabo la proumièro plaço.

A dès-e- nòuv-an ; lou vaqui jouine istitutour à Carpentras, e à vint an se marido emé Marìo-Cesarino, qu'es tambèn istitutriço à Carpentras. Ai-las ! Lou malur picara lèu à sa porto : perdran cop sur cop si dous proumiés enfant, à dès e vint mes.

Jan-Enri sara pièi nouma proufessour en Corso. Es aqui que s'amigara emé lou boutanisto avignounès, Esperit Requien. Es em'èu que Fabre se vai afouga pèr la boutanico.

Mai, malur pèr èu ; dous an mai tard, Requien defuntara à la subito.

A sa revengudo à-n'Avignoun, alor qu'avié davera soun dóutourat de sciènci, restara vint an proufessour-ajoun, escassamen paga. Estènt pas sourti de l'universita, restara mesestima e tengu à remas pèr lis àutri proufessour.

En 1865, reçaup la vesito de Pasteur que se vèn enfourma sus li magnan, fin que d'arresta lou flèu qu'escoufis li magnanarié. Fabre ié fai bono acuiènço, mai Pasteur es fierous, mespresant, e d'acò, Fabre ié perdounara jamai.

Fabre aguè perèu pèr toco de descurbi de proucedat pèr tira di racino de garanço de coulourun mai pur e mai eisa d'emplega. Se i'óupilè d'annado de tèms, e quouro i'averè, d'ùni tiro-proufié l'escartèron, tout bèu just au moumen que dous chimiste alemand desurbiguèron l'alisarino sintetico.

Pau de tèms après, lou menistre de l'estrucioun publico, Vitòur Duruy, l'encarguè d'ourganisa de cous libre e à-gratis pèr tóuti, dins l'anciano abadié Sant Marciau d'Avignoun. Es aqui que faguè quàuqui bèu rescontre, coume Mallarmé, Roumanille, e tant d'àutri. La salo èro toujour coumoulo de mounde qu'avien plesi de l'ausi parla de sciènci. Mai aguè la marrido idèio de parla de boutanico e de la fegoundacioun di planto, e desvela tout acò en de jouvènto, fuguè un escandale !

Li prouprietàri de soun loujamen, vièio fiho manjo-bon-Diéu, lou remandèron. Sènso dardeno e sènso loujamen, quitè Avignoun ounte restavo despièi mai de vint an pèr s'istalla en Aurenjo, bonodi l'ajudo de soun ami Stuart-Mill que ié prestè d'argènt.

Es au museon Requien qu'avié rescountra Mill e qu'èron vengu ami. Anavon souvènt erbourisa ensen, e avien fa lou proujèt de realisa uno geougrafìo boutanico de Vaucluso.

Ai-las ! Mill defuntè perèu à la subito, e Fabre, encaro un cop, n'en fuguè proun treboula. Pau de tèms après aquéu dòu, fuguè remanda de soun poste de counservadou dóu museon Requien, sènso esplicacioun, e ço que ié derrabè lou cor, es d'abandouna si caro couleicioun boutanico, realisado emé sis ami defunta, Requien e Mill. Gaire de tèms après, perd soun fiéu Jùli, que manjavo dins si

sege an. Avié l'espèr qu'aquéu drole s'endraièsse dins la meme règo qu'èu, amor qu'èro adeja afouga pèr la sciènci. Se revenguè jamai d'aquelo perdo. Pau de tèms après soun istalacioun à l'Harmas, alor que coumençavo de trouva soun soulas, es sa mouié que defuntè. Restè véuse dos annado de tèms e se remaridè em'uno jouino femo de Serignan. Aguèron tres enfant, un drole, e dos chato. Mai tardèron pas de manca d'argènt, li libre se vendien pu. Soun sis ami, Vitòur Legros e Mistral que l'ajudaran à sourti d'aquelo marrido passo que durè proun de tèms.

Veguè pièi defunta uno feleno, pièi uno de si fiho e un de si drole, e pas proun d'acò, sa segoundo femo s'enanè tambèn à Santo Repausolo.

Reçaup tóuti aquéli malur emé un grand courage ; disié : « Aquéli brutalige de la vido, tant revóutant, an sa coumpensacioun aiours. Es ma prefoundo counvicioun, cade jour refourtido pèr l'esperiènci di causo. Lis esprobo de la vido an en quauque endré soun esplicacioun ; ço qu'avèn perdu se retrobo, ço qu'avèn tant ama nous es rendu. Ounte se pòu pu rèn, luchen au mens pèr l'energìo mouralo, moustren nous superiour i misèro que nous aclapon. La doulour dèu nous ennoubli e noun nous amata.(...) La vido es qu'uno sequèlo de misèro ; garden quàuqui forço pèr

aquéli que podon encaro nous touca. »

Fabre èro vertadieramen cresèire, e siéu seguro qu'aquelo fe l'ajudavo pèr supourta si malur. Sa filousoufìo de la mort se pòu resumi dins li dos fraso que faguè grava sus la lauso de soun cros :

« Li que cresèn perdu soun esta manda davans. La mort, noun es uno fin, mai lou lindau d'uno vido mai nauto. »

Mai pèr pousqué, riboun-ribagno, persegui soun obro, i'avié aquesto voulounta imbrandablo de countunia fin qu'au bout sis esperimentacioun sus l'istint. Semblavo tambèn que rèn lou poudié destourba dóu camin ounte s'èro endraia pèr sis recerco sus lou coumpourtamen dis insèite, que jamai vouguè ceda à la coumoudita e la coumproumissioun, e, coume lou disié Mistral, a toujour miés ama resta « Umble emé l'umble, e mai fièr que li fièr. »

Michello

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